L'Auvergne est une région tout simplement fascinante,
contrairement à ce que certaines mauvaises langues en diront. Mais plutôt que
de faire l'éloge de ce lieu, ce que font très bien certains fascicules, nous
allons décrire l'histoire de la géographie de l'Auvergne, ainsi que
l'influence de l'action de des hommes (des Auvergnats en l'occurrence) qui se
manifestent principalement par la pose de traverses. Nous finiront par un
aperçu d'ensemble de ces même auvergnats. Nous espérons intéresser
encore plus le lecteur, qui trouvera là le fruit de recherches pointues et
scientifiques dans les méandres de l'imagination de l'auteur.
L'Auvergne s'étend sans vergogne d'ici à là, soit
environ quelques dizaines de millions d'hectomètres carrés . Elle compte
environ un million de gens, ainsi que pas mal d'ovins, de bovins, et hélas de
chiens. La région est divisée en quatre départements vivant pacifiquement
côte à côte et dont il est inutile de rappeler les noms. On parle aussi de
nombreux territoires divers tels que le Bourbonnais, le Livradois, le Forez, les
Combrailles, le Velay, et que sais-je encore...
Après ce bref aperçu d'ensemble, concentrons-nous sur les
points qui attirent notre attention.
Par exemple, si l'on va par les montagnes au nord-ouest de la
capitale Clermont-Ferrand, on remarque qu'à l'est de ces montagnes difficiles
se trouve, sans transition, un terrain tout à fait plat appelé les plaines de
la Limagne. Un esprit curieux ne peux que se demander : mais comment cela se
fait-il que ça soit tout plat alors que là juste à côté c'est tout vallonné? Tout d'abord,
il faut se rappeler que la chaîne des Puys, puisque c'est ainsi qu'on appelle
ces vallonnements, s'est formée suite à un choc titanesque entre la plaque auvergnate et la
plaque bourguignonne, alors que cette seconde voulait se rapprocher de la mer,
il y a bien longtemps de cela. La plaque auvergnate, ne voulant pas bouger,
s'est crispée, et la collision a donné lieu à des collines selon les
processus bien connus des géologues.
Bien, mais alors, ce devrait être toute l'Auvergne qui
devrait être en collines, me direz-vous. Et bien, en effet, et c'est ainsi
qu'était la région à ses débuts. Mais c'est sans compter sur l'action de
l'homme, qui dans sa volonté de maîtriser la nature, n'a pas ménagé sa
peine.
En effet, au début du second millénaire, la vie était rude
pour la population du coin, principalement des paysans. Le travail était harassant.
Mais le plus chagrinant, pour ces ancêtres, était précisément le vallonnement
de leur pays. Et les auvergnats se plaignaient de la difficulté d'utiliser de leur
vélocipède (l'ancêtre de la bicyclette), avec toute ces montées-descentes.
Difficultés que ne connaissaient guère leurs voisins les Castelroussins, ni les Parigots. C'est alors qu'ils ont pris la décision d'accomplir un
travail grandiose au cours des onze, douze, treize et quatorzième siècles. Ils ont pris leurs bêches, leurs pelles, leurs pioches
et leurs brouettes, et avec des grand travaux de déblais et de remblais, il ont
aplani toute une zone autour de la rivière Allier. Vous imaginez avec les
moyens de l'époque quel labeur ce dut être... Mais il ne fut pas vain. Cette
zone est aujourd'hui l'une des plus fertile de France. Et puis, quand ils
trouvaient une pierre noire rectangulaire ou demi-cylindrique, les auvergnats pouvaient
l'apporter pour contribuer à la construction de la cathédrale de
Clermont-Ferrand.
Comme nous l'avons déjà dit, il me semble, l'Auvergne
comptent toutefois de nombreuses montagnes. Il aurait été vain, en effet, de
mener à son terme le travail d'aplanissement... Parmi les montagnes les plus
célèbres, on compte le Puy-de-Dôme, qui donne son nom à un département. Le Puy-de-Dôme
est implanté sur la commune d'Orcines. Comment est arrivé là ce fameux
sommet? Ici, les historiens s'affrontent selon différentes thèses. Pour
certains, cette montagne aurait choisi seule de grandir à Orcines. Selon
d'autres, ce sont les orcinois, qui, imaginant la foule de touristes et donc les
rentrées de devises qu'il pourrait apporter, ont obtenu que le Puy-de-Dôme soit
implanté sur leur commune. En fait, les plus récentes thèses soutenues à l'Université
Blaise Pascal vont majoritairement dans le sens de cette seconde hypothèse.
(Blaise Pascal justement, est un célèbre Auvergnat sur
lequel on marche scrupule à Clermont-Ferrand. Or, il ne faut pas oublier les
travaux de savant leucémique qui a eu le temps d'inventer la Pascaline, le
triangle de Pascal et la pression atmosphérique, entre autres choses.)
Le travail de l'homme en Auvergne se remarque par la
présence de nombreux champs, qui servent à nourrir les gens. Mais il faut ne pas
oublier un labeur harassant, aujourd'hui terminé, qui eu lieu à la fin du
dix-neuvième siècle et au début du vingtième. Il s'agissait de la pose de
chemins de fer. Les auvergnats, passionnés par le travail, y ont mis un ardeur
peu commune : de milliers de kilomètres de rails posés... ce n'est rien comparé
au travail de creusement, à la main, dans la dure roche de nombreuses collines
qu'on trouve partout en dehors de la Limagne et qu'il a bien fallu relier au
réseau ferroviaire. Les voies de communication sont
souvent parallèles aux rivières, mais parfois il faut passer par-dessus :
c'est ainsi qu'un nombre invraisemblable de
viaducs ont aussi été montés pour traverser des foules de vallées, dont beaucoup se targuent d'avoir été
dessinés par Gustave Eiffel, à croire qu'il a passé sa vie dans cette
région.
En fait, il faut préciser que la construction des chemins de
fer de la région n'est pas le seul fait des Auvergnats : des étrangers sont venus en masse
apporter une contribution à ce travail, par pur intérêt notons-le, car ils
cherchaient avant tout salaire pour se nourrir. C'est ainsi que parmi mes connaissances
auvergnates, on trouve des relents de ritals, de portos, de polaks, voire même
de belges.
L'Auvergne est bordée par des territoires aux noms exotiques : la Corrèze, l'Ardèche, le Berri, la Creuse, la Loire, la Bourgogne... endroits formidables qui feraient presque oublier aux Auvergnats l'absence, entre Moulins et Aurillac, des plages ensoleillées et surpeuplées de la côte d'azur où se promènent entre des hôtels luxueux et une mer turquoise des naïades aux jambes et aux hanches...bref.
Côté démographie : un cliché trop
facile consiste à voir l'Auvergne habitée de personnes âgées
et de paysans presque analphabètes. Les gens habiteraient dans des chaumières
et viennent tout juste de découvrir le téléphone. Les enfants iraient
rarement au delà de l'école primaire, seule un élite inaccessible obtiendrait
le baccalauréat. Et donc bien sûr, personne ne connaîtrait un mot de
français s'éloignant du patois, la dérivée d'arctan(-8x²/3), les
mécanismes de la photosynthèse chez le phytoplancton ou les étapes de la
transmutation nucléaire dans une étoile type géante bleue. La ville de
Clermont-Ferrand serait un taudis géant infect où la peste décimerait
régulièrement le cinquième d'une population grouillante et miséreuse, tandis
qu'au Puy-en-Velay les gens squelettiques resteraient allongés toute la journée,
affamés, faisant l'aumône d'une ou deux lentilles aux rares personnes
"valides", à Saint-Flour ils mangeraient l'herbe en tentant parfois de
prendre un train pour Paris, mais en étant refoulés par le contrôleurs,
et les aurillacois détrempés essayeraient de vendre un bout de tissu sur une branche
d'arbre, qu'ils appelleraient "parapluie", aux rares touristes égarés
ici, qui leur donneraient de l'argent par pitié. En effet, selon A. Françon,
dans son essai Causes de la dégénérescence de l'homme civilisé en
1859 (cité dans le Dictionnaire de la bêtise) : "À
Clermont-Ferrand, où règne le libertinage, presque tous les enfants sont
malsains en naissant".
En fait, tout ceci est un mythe relevant d'un imaginaire,
probablement répandu par d'ignares racistes anti-auvergnats qui sont encore
trop nombreux dans les autres régions. La vérité étant que les Cantalous ont des
emplois plus communs, Clermont est une ville moderne qui se dote de tramways et
de fibres optiques, les universités prennent une place effroyable pour former
les cerveaux de milliers de jeunes (mais on reste dubitatif, cf. la page "deux"). L'électricité,
l'eau, le téléphone, les routes sont présents depuis belle lurette dans le
moindre village. Quand aux paysans, rassurez-vous, ce sont en fait des exploitants
agricoles qui emploient des engrais et pesticides sans se poser de questions, et
qui polluent massivement pour produire le plus possible, comme n'importe quel
homme sensé et civilisé.
L'Auvergne, encore elle, outre cette masse d'anonymes qui constitue sa population, a laissé dans l'histoire foultitude de gens célèbres : outre Blaise Pascal déjà cité, il y a Vercingétorix, Alexandre Vialatte (écrivain), deux présidents de la République : Georges Pompidou le cantalou et Valéry Giscard d'Estaing, et j'en oublie.
En bref, j'espère vous avoir donné un aperçu d'ensemble suffisant et assez objectif de cette région pour rappeler tout l'intérêt qu'elle mérite.