Les habitants de la ville de Domérat sont de bien fieffés veinards. À dix minutes de chez eux en vélo, ils disposent d'un des spectacles les plus édifiant et enrichissant qui soit à propos de notre civilisation. Les étudiants de la licence MEE ont aussi eu la chance d'y assister.

    En effet, au lieu-dit des Givrettes se trouvent les alvéoles du centre d'enfouissement technique du Sictom de Montluçon. C'est ici que les déchets de cent mille habitants sont enfouis. Cela représente un volume annuel de 40000 mètres cubes.

    Le principe de fonctionnement de ce centre est d'une simplicité diabolique : il y a une alvéole en construction et une autre en remplissage de déchets. La terre enlevée en creusant la première sert à tasser les déchets et masquer les odeurs de la seconde, et à la recouvrir à la fin.

    Le résultat final est très propre : des bâches en plastique entourent la cavité pour que tout soit assez hermétique, en plus de la couche d'argile. Un recouvrement régulier est effectué. Le jus de décharge est capté et traité. A la fin, il ne reste de l'alvéole qu'une petite colline rectangulaire, très régulière, couverte d'une prairie paisible. En attendant, lors du remplissage, le travail est rude; les hommes aussi. 

 

Camions, hommes et bulldozers s'affairent pour cacher au plus vite ce déchet que le citoyen ne saurait voir. C'est raté.

Le difficile travail de comblement.

    Mais ces hommes ne font qu'empêcher les villes d'être recouvertes sous leurs ordures. Ne sont-ils pas infiniment plus utiles, ne devrions-nous pas leur être infiniment plus reconnaissant plus qu'aux commerciaux en cravate qui nous poussent à acheter toujours plus de produits avec emballages ou qui conçoivent des machins toujours plus rapide à jeter?

    

    Le volume des déchets, on l'a dit, est assez conséquent. L'entreprise de traitement remplit plus d'une alvéole par an. Comme celle-ci :

Quelle symphatique piscine à fond blanc plastifié au fond du trou?

Le petit trou sera bientôt comblé de cadeaux. Rassasié, il éructera du biogaz qui brûlera en torchère.
Un individu, indiqué par la flèche rouge, permet d'avoir une idée de l'échelle de l'ouvrage.

    Cette alvéole, selon les prévisions du Sictom, sera remplie en moins d'un an, avant fin 2005. En 2006, le site des Givrettes devra arrêter son activité et on a guère d'idée de ce qu'il faudra faire des déchets, sinon d'emmener les déchets dans d'autres trous beaucoup plus loin (à Maillet, pour ceux qui connaissent).

     Il fut un temps où la majeure partie des déchets étaient emmenés à la décharge de Chamblet. Mais elle est désormais fermée. Cette décharge aurait pu accueillir les déchets produits pendant les 20 ans à venir si elle n'avait pas été complètement interdite du fait de sa complète non-conformité aux normes, notamment il n'y avait rien contre la pollution des sol et des eaux, c'est-à-dire rien pour séparer les déchets de la Terre, notre mère nourricière.

 

    Nous eûmes de longues discussions avec le technicien qui nous faisait les cours et la visite, à propos des tenants et des aboutissants de la gestion des déchets. Celui-ci était évidemment conscient de la non-durabilité de ce mode de gestion et il était pour une réduction des tonnages enfoui. Mais il était particulièrement fataliste car il considérait comme un fait inévitable l'augmentation de la quantité de déchets produite. Il ne conçoit pas de catastrophe, notamment crise énergétique, impliquant une meilleurs gestion d'usage de l'énergie, dont une production réduite de déchet et plus facilement valorisables. Il s'imagine qu'il y a encore beaucoup de travail dans le domaine pour des années encore.
    Disons qu'il ne voulait pas concevoir de prendre le problème par la racine.

    Indépendamment de cela, pour ses propos fatalistes sur l'augmentation de la production de déchets (actuellement plus de 1 kg par personne et par jour en décharge), je ne comprends pas...dans ma maison, il y a moins d'1kg pour deux ou trois personnes et par semaine. Certes, nous avons de la place pour faire un compost de déchet vert (20% du tout en moyenne nationnal), mais pour les 60% de recyclables actuellement (verre, papier, métal, certains plastiques), c'est donné à tout le monde de ne pas les envoyer à la décharge. Notre production de déchets est inférieur d'un facteur 10 à la moyenne sans que mes parents soient particulièrement émus ou informés sur le problème des déchets.

     Or il y a 3000 tonnes envoyées au recyclage contre 40000 à la décharge par les Montluçonnais et autres habitants desservis. Y compris avec les sacs jaunes où une grosse partie du travail de tri est fait par d'autres. Il faut vraiment faire preuve de mauvaise volonté... ce qui m'amène à me demander : les Montluçonnais méritent-ils vraiment que l'ont ramasse leurs déchets? Ne faudrait-il pas les prévenir, diviser par trois les collectes générales et augmenter autant qu'il le faut les collectes sélectives, s'ils veulent leurs déchets ramasses ils sélectionnent? C'est une des solutions radicales (et encore pas trop) que l'on peut proposer.

   Concernant l'action efficace que l'on peut effectuer soit-même sur ses propres déchets, avec de la volonté, certains en concluent ainsi que la solution aux problèmes environnementaux ne viendra pas d'une technologie miracle ou de l'économie, mais de nous-même. Nous possèderions leur solutions par nos actes seuls(ça semble clairement possible avec cet exemple de facteur 10 pour les déchets).

    Sinon, une solution pour les déchets biodégradables en ville? Il existe déjà une plate-forme de compostage où l'on réceptionne les déchets verts des services municipaux et des particuliers qui les ont déposé en déchetterie.

Début du traitement des déchets verts. Notre camarade bretonne trouve ce tas moins nuisible que les algues vertes échouées sur les plages.

Décomposition. 

Au bout de six mois, on obtient un terreau fertile que chacun peut venir chercher gratuitement.

Les plantes aiment.

Les matières organiques peuvent retourner sans problème à la Terre, notre mère nourricière. 
Mais pas toutes, évidemment; celles des ménages sont mélangés au plastique et autres dans le trou.

    Malheureusement, le Sictom a du mal à trouver des débouchés chez les agriculteurs. Il y aurait connivence entre eux, organisée par la FNSEA, pour ne pas venir chercher cette matière, afin de faire en sorte que ce soit le Sitcom qui, à terme, en finance le transport et l'épandage. Alors même que pour les agriculteurs, aller le chercher eux-mêmes, ça leur coûte moins cher que les engrais. Mais les achats d'engrais ne seraient-ils pas subventionnés massivement pour pouvoir permettre aux agriculteurs de suivre cette conspiration, d'obéir à ce mot d'ordre assurément bien peu empreint d'éthique? Je ne sais. 
    Notons aussi qu'heureusement, certains agriculteurs viennent encore chercher de ce compost.

    Pour en revenir au compostage des déchets verts des particuliers en ville, cela pose problème au niveau de la collecte sélective à mettre en place, et surtout pour les odeurs sur le lieu de traitement. Il faut construire alors un bâtiment fermé pour l'effectuer. Il y aurait un important investissement à effectuer.

    Il est toutefois clair là-aussi qu'il y a impasse par rupture du cycle des matière organique : le phosphore, potassium qui se retrouve dans le trou de la décharge est inutilisable par l'agriculture qui l'a extrait du sol. D'où nécessaire ajout d'engrais avec du phosphore et potassium extrait dans des mines à l'autre bout de la planète.
    J'en profite pour rappeler qu'on a exactement le même problème à la station d'épuration des eaux usées : 2/3 des boues qui contiennent les matières organiques issus du traitement sont incinérés par manque de débouchés (dans ce cas, c'est la station d'épuration qui se charge du transport et de l'épandage). C'est un second cul-de-sac irréversible pour le cycle des matières, à Montluçon et ailleurs. Le manque de débouché, dans ce cas, vient d'une supposée peur des consommateurs suite à la crise de la vache folle : des entreprises agro-alimentaires n'achètent pas les récoltes aux agriculteurs si ceux-ci ont utilisé les boues d'épuration comme engrais, car elles peuvent contenir je-ne-sais quoi de mauvais pour la santé. Et on fait ainsi sa pub en disant préserver la santé du consommateur : il vaut mieux pour les engrais prendre de phosphore dans des mines à l'autre bout de la planète, passer par une usine qui brûle du pétrole et du gaz, faire rouler des camions sur des centaines de kilomètres pour acheminer l'engrais, plutôt que d'utiliser le gisement à quelques kilomètres mais qui est sûrement pollué par la ville.
   
En vérité, je peux vous le dire, il n'y a rien à craindre des boues d'épuration. Réclamez la nourriture qui en utilisé.

Les grandes manoeuvres.

Attention à ne pas finir enfoui aux Givrettes!

    Il est intéressant pour nous d'aller plus loin philosophiquement et ne pas se limiter aux questions techniques. En effet, n'y avait-il pas, en toile de fond de la discussion sur le tri des déchets pas les consommateurs, la question de la nature humaine? Les gens sont-ils prêts à accepter à cesser cet immense gâchi? 

    N'y a-t-il pas aussi une impasse inévitable, un problème insoluble à moyen terme? Recherchons dans l'histoire si une autre civilisation s'est lancé dans une activité susceptible de l'étouffer en moins de cinquante ans, et si oui, comment tout cela a fini.

    Sinon, on peut parler d'une impasse évidente de notre civilisation. On ne pourra pas creuser indéfiniment des alvéoles. Les économistes ineptes qui parlent d'une économie cyclique ferait bien de visiter de tels lieux : il n'y a rien de cyclique quand s'accumulent à un bout de la chaîne de tel quantités de matières et de l'autre côté s'épuisent les ressources (cet épuisement est plus difficile à constater depuis nos pays consommateurs). Nicholas Georsgescu-Roegen expliquait que cette économie, il s'agissait plutôt d'un processus qui transforme de manière irréversible une quantité de matières et énergies basse entropie pour la transformer en haute entropie (c'est à dire inutilisable).Et comme il n'y avait qu'une quantité limité de basse entropie à puiser dans la terre, ça ne pouvait pas durer indéfiniment.

 

    Mais personnellement, peut-on dire que j'ai été écœuré par un tel spectacle? Et bien non, pas du tout. Car je sais que c'est bientôt fini. Il est clair que la fin de l'énergie puisée dans le sol gratuitement  va mettre un terme à l'enfouissement gratuit aussi de matières ici-bas. Si j'avais vu ce spectacle dans les années 70, sachant que le pic pétrolier était prévu, déjà à cette époque, pour 2000-2010, j'aurais trouvé la situation autrement plus déprimante en considérant que tout aller continuer pendant trente ans environ. Mais là, tout va bien. Le problème va être englouti, ou plutôt solutionné par la fin de l'énergie pas chère. Après cela, il n'appartient qu'à nous de bien gérer cet évènement pour les autres problèmes qu'il va occasionner.

    Est-ce à dire aussi qu'il ne faut rester les bras ballants et ne rien faire concernant sa limitation de production de déchets? Non car il s'agit de ne pas attendre les problèmes pour agir. Et si les voisins ne font rien du tout, n'est-ce pas complètement inutile de vouloir réduire ses déchets mis en décharge? Bien au contraire. C'est dans ce cas qu'il faut agir le plus possible pour réduire sa contribution à la répugnante accumulation. Non pas pour essayer, en vain, de compenser leur négligence. Mais parce que l'acte est infiniment plus noble dans ce cas, et qu'à long terme il est beaucoup plus efficace : pédagogie de l'exemple. Et il permet de renvoyer aux voisins l'image de contributeurs à cette décharge. 

    Au besoin, mettez-en des posters sur les containers pour rappeler son existence...

    En conclusion, que peut-on dire sur l'avenir du traitement des déchets par mise en décharge tout d'un bloc, pour leur quasi-totalité? On peut dire que ce n'est aucunement durable, à l'évidence. pourquoi l'avoir mis en place un jour alors? Si ce système fonctionne aujourd'hui, c'est parce que l'énergie qui permet de produire les matières ne coûte presque rien, ce qui, ajouté au coût élevé de la main-d'oeuvre et du transport et de la mauvaise volonté d'une bonne partie des citoyens même après campagne de sensibilisation, décourage la collecte sélective et le recyclage. Par ailleurs, on vend à ces derniers toujours plus d'objets toujours plus rapidement périssables, qu'ils acceptent dans leurs caddies sans s'indigner ni faire scandale eu égard au problème des déchets; ce qui provoque une augmentation continue de la production de déchets que le recyclage ne compense pas.

    Ce système non durable est appelé à prendre fin prochainement, et ces tendances assurément sans issues à s'inverser. Brutalement à cause de la crise énergétique, ou grâce à un retournement d'opinion? Nous souhaiterions que cette seconde hypothèse se réalise, mais l'inertie sociale est extrêmement importante, et la nature humaine inconnue...
   L'avenir nous le dira prochainement et en attendant il convient de garder à l'esprit la gravité du problème.

(contacter l'auteur : jeuft@yahoo.fr)

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Ajout du 18/12/2004

    Revenons à la question de l'impasse du traitement des déchets. D'ici quelques années, une grande partie des départements ne sauront plus comment s'en débarrasser. Prenons le cas du Puy-de-Dôme, ou plutôt de la région clermontoise. On entend beaucoup parler des manifestations de riverains contre un incinérateur vers Aulnat. On a aussi les protestation des habitants de tous les villages, près d'Ennezat, contre la création d'un centre d'enfouissement. Sur la Limagne, une des terres les plus fertiles de France, on comprend que c'est gâcher de la terre, mais en même temps on ne peut pas se permettre d'envoyer très loin du lieu de production, avec plein de camions, les déchets.

    Ces gens protestent donc. Chacun pour défendre son coin. Mais que proposent-ils concrètement? À la lumière de ces deux cas convergents (refus d'incinérateur et enfouissement), le citoyen ne devraient que se rendrent compte de l'impasse lié à la production de déchet, et non tel ou tel mode. Dans une démocratie, en temps de paix, ce sont eux qui ont le pouvoir : savoir s'ils produiront beaucoup de déchets, savoir s'ils traiteront par mise en décharge, incinération, s'ils veulent recycler. Il faut savoir rester cohérent : si on ne veut rien faire contre la production qui augmente, on doit construire des incinérateurs ou des décharges. Et donc si on ne veut pas admettre que plutôt que de protester contre un incinérateur ou une décharge, le moyen le plus efficace d'agir est la réduction à la source, on exprime clairement : "On ne veut pas de ça chez nous, mettez le chez les autres". Alors dans ce cas il est clair qu'il n'y a pas de solution. Clermont n'a plus qu'à être enfoui sous ses déchets...

    Je me souviens d'avoir personnellement d'avoir assisté à une manifestation, à Clermont-Ferrand, contre cet incinérateur. Les gens manifestaient en centre ville dans leur voiture, n'en sortaient pas, klaxonnaient et faisaient passer un message un tout petit peu plus constructif par haut-parleur (prônant la méthanisation, le mise en décharge contrôlée. Pas de recyclage ni réduction à la source). Inutile de vous préciser que leur cause n'a pas du tout éveillé ma sympathie.

    Et je ne sais si en plus de protester, quelle proportion de ces gens font tout pour réduire leur production de déchet.

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    Dans le même temps, arrivent les fêtes. La production de déchets est multiplié par le gaspillage qu'elles induisent. Les alvéoles se remplissent à un rythme bien accru. Les employés du Sictom voient leur travail augmenté. Pour ma part, suivant ce qui a été énoncé plus haut en italique, je vais tenter de réduire encore plus ma production. C'est le moment tout à fait opportun de réfléchir et agir à une réduction de ma production.

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    Concernant la visite de Givrette, elle était aussi intéressante car elle permettait de comprendre la notion d'endettement écologique. Pour réduire les coûts aujourd'hui, on met en place les solutions les moins chères, mais qui devront être payées pendant des décennies par la suite.

    Le Sictom doit surveiller ses collinettes pendant 30 ans, après quoi on suppose qu'il ne s'y passe plus rien de risquer.  Et on pourra peut-être utiliser les terres dans 5 siècles, quand le plastique sera décomposé. Je me suis demandé à quoi ressemblera ce qu'il y a dessous dans cinq siècle : une pâte à fort pouvoir calorique? Le verre et les métaux ne se décomposant pas, pourrait-on en faire des mines d'aluminium, de verre, de fer?

    En attendant, les terrains ont une valeur négative : il faudrait donner de l'argent pour les vendre. Mais cette perte de valeur du sol n'est pas prise en compte dans le calcul du PIB. En plus de l'impasse dans laquelle nous allons, nous nous appauvrissons.

    À l'autre bout de la chaîne, l'épuisement des gisements de pétrole, la perte de valeur est encore plus importante. On pourrait la considérer comme infinie étant donné qu'il est impossible de reconstituer les stocks. En attendant, le pétrole ne coûte que son prix d'extraction.

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09/01/2005

    La notion de soupe solide répugnante est à développer. Dans le trou, on enfouit tout pour des centaines d'années. Que se passera-t-il à l'intérieur des collinettes? Les déchets organiques vont se décomposer gentiment. Le papier aussi. Le verre ne bougera pas. Le fer deviendra rouille.
    Sauf qu'il n'y a pas que ça dedans. C'est une minorité de déchets qui rende l'intérieur de la décharge particulièrement peu fréquentable : piles, plastiques recouvert d'on ne sait trop quoi, bidon ayant contenus des substances aux effets tout à fait inconnus. S'il n'y avait que le problème des odeurs et de la pollution de l'eau... mais non.

   On veut faire les collinettes étanches, mais rien ne prouve qu'elles sont éternellement sans effet. Il y a là de multiples boîtes de Pandore tout à fait extraordinaires.

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27/02/2005

    La question du traitement des déchets du Puy-de-Dôme donne lieu à de multiples péripéties tout à fait intéressantes. On peut les suivre dans le journal régional.
    Les débats sont vifs. Faut-il faire un incinérateur? Où mettre le nouveau CET?

    Le syndrome NIMBY aujourd'hui tout à fait exacerbé, à un niveau jamais vu, donne lieu à des réactions intenses de la part des éventuels futurs riverains. Alors, je plains les dirigeants du valtom, pris entre deux feux : les montagnes de déchets qui leur arrive des habitants du département, et l'impossibilité de leur trouver une place dans ce département, du fait de l'opposition de tous les puy-de-dômois. Mais quelle solution pour le traitement de nos déchets? 

    À ce qu'on vient de dire, il n'y a pas moyen de les enfouir (ou plutôt, il n'y aura plus moyen quand le trou actuel de Puy-Long sera plein), personne n'en veut. Alors, ne peut-on pas dire clairement qu'il n'y a pas de solution? Imaginons, nous sommes en 2008. La dernière alvéole vient d'être bouchée. On a pu ouvrir aucun autre centre de traitement. Que font les éboueurs? Soit ils ramassent les déchets et les mettent quelque part dans la nature, comme ça, ce qui représente une formidable régression dans le traitement des déchets. Soit, puisqu'il n'y a pas de solution, il ne ramassent plus. Bien sûr, les citoyens ne vont pas s'arrêter pour autant d'en produire; produire des déchets, c'est consommer, et consommer, c'est "la vie, la vraie". Qu'ils se rassurent, d'après mes calculs, il faudra trente ans avant que la couche de déchet n'atteigne un mètre de haut au coeur de Clermont-Ferrand : même dans trente ans, suivant ce scénario, la plupart des gens auront donc pied.
   

    Comme nous le disions plus haut, la réaction des riverains est virulente. Or, je ne sait si on a essayé de mettre en contact des opposants au CET de Montcel et d'autres à l'incinérateur de Baulieu (lesquels, comme je le dis plus haut, n'ont pas éveiller ma sympathie). Comme ces seconds préconisaient la mise en décharge contrôlée, on peut imaginer le clash. À moins qu'une discussion raisonnable , pour en conclure qu'on ne veut ni d'incinérateur ni de CET nulle part, et que les politiques sont tous pourri à vouloir détruire notre environnement ainsi. L'on trouverait un terrain commun sain pour un bon consensus poujadiste. Il faut voir.
    Mais on aura pas vraiment réfléchi sur la cause de ces ennuis. La cause première. Le fond du problème des déchets dont la quantité croît. Or, je crois que je tiens une piste ici. Voir le lien : 

http://www.industrie.gouv.fr/portail/index_apropos.html

    Le ministère de l'industrie nous donne là des renseignements édifiants : chaque année, il sort des usines des quantités croissantes d'objets, de tonnes de plastique, de carton, etc... de tout ce qu'on veut. Or, sauf à s'accumuler à jamais dans les maisons, tous ces matériaux finissent sous forme de déchet. Il n'y a pas non plus de raison que le Puy-de-Dôme échappe aux flots croissants d'objets, d'emballages etc, que déversent les usines sur le pays. C'est assez évident, mais il fallait le rappeller, non? Tant que les usines produiront, il y aura des déchets à l'autre bout de la chaîne. Et de plus suivant la production des usines. Notons aussi que le recyclage ne concerne qu'une part négligeable face aux énormes volumes, la progression de tonnes recyclées ne compensent même pas l'augmentation des tonnes de déchets produites. Et donc bien sûr, ne réduit pas la quantité mise en décharge, ni évidemment ne permet de vider celles déjà remplies. 

    L'augmentation de la quantité de déchets produite n'est donc pas un dysfonctoinnement quelconque lié à une phase débridée et passagère de l'histoire économique : elle ne fait que révéler le fonctionnement le plus sain d'une société de consommation et de croissance. Tant que cette économie fonctionnera, des montagnes déchets arriveront chez quelqu'un.

    Alors donc, je concevais l'embarras des dirigeants du Valtom, et maintenant ici le désarroi des agriculteurs menacés par le CET. Désarroi face aux masses de populations écrasantes du Puy-de-Dôme qui désirent, demandent silencieusement (ou par l'intermédiaire du Valtom) à ce qu'on les débarrasse de leurs déchets pour ne pas voir leur logis personnel envahi.

    Les péripéties liées à la question du traitement des déchets du Puy-de-Dôme, qu'on peut suivre dans le journal régional, forment en fait une chronique dramatique sur l'impasse de notre civilisation prisonnière de l'idéologie de la société de consommation, sans pouvoir envisager d'alternative. Une idéologie prônant la Croissance de la Consommation comme support indispensable du Bonheur. Pour aller où?